Ce fameux Jabiru.

Dernière mise à jour 20/04/19

Pour qui ne connait pas ce moteur, quelques recherches l’amèneront à penser que ce n’est pas un bon plan. Réputé fiable pendant au moins quinze ans sa réputation a pris un gros coup de bambou lorsque vers 2005 une version modernisée du moteur est sortie sur le marché, le constructeur n’assumant pas ses errements bien au contraire. Notre ami Freddy a très bien expliqué le problème dans son article « les deux vies d’un Jabiru ». Aujourd’hui la fiabilité est revenue, pas la confiance...
Et pourtant, ce moteur est le pied pour l’ULM. Léger, refroidi par air, très simple de conception, un seul carbu, assez économique à l’achat en entretien et à l’utilisation. Ma consommation tombe au dessous des 8 litres heure à 120 badin et quand je vole entre 130 et 140 badin je reste vers 10 litres/heure. Toutes utilisations confondues (TDP et croisières 135 à 160) je suis à 9 litres/h de moyenne annuelle.
 Ses 80CV sont amplement suffisants dès lors que l’on en dispose réellement ce qui est maintenant mon cas. En effet seule une situation de « montée initiale » m’impose la pleine charge et le Storch s’envole très vite et grimpe à 800 pieds/mn. aux environs de 100 km/h.

A l'achat ma machine fonctionnait mal,une série de mesures à l'analyseur de gaz permis d'observer une richesse énorme des gaz (+ de 10% de CO à tous régimes) Pour les profanes retenez que j'aurais du relever 3% au ralenti, entre 1 et 3% en progression et maxi 3 à 4% en pleins gaz.
Le carbu était bricolé et le filtre à air totalement encrassé par de la suie (comme dans les conduits de cheminée).

Alors pourquoi un tel merdier ?
Le propriétaire N-2 était pilote avion, il mettait systématiquement la réchauffe carbu en fin de TDP (l'usage et mes mesures m’amènent à penser que ça ne sert à rien mais j'y reviendrai), son pot d’échappement était pourri (Thierry l'a remplacé) et fuyait,  son carburateur réglé trop riche, ça devait ratatouiller grave et il aurait pu mourir d'intoxication de nombreuses fois.
Et pourquoi le carburateur était il en excès de richesse ?
Tout simplement parce qu'à un moment un propriétaire mais je ne sais pas lequel, s'est fait dessus ! Une polémique a éclaté à propos des richesses moteur pour épargner les guides de soupapes en papier mâché que Jabiru a posé en 2005, des propriétaires de Jabiru ont eu peur et ont forcé le trait sur la richesse, pensant bien faire. Sauf que pour le coup c'était très mauvais.
La photo à suivre montre l'allure des basculeurs et coupelles supérieures de soupapes, vous remarquerez que ces pièces s'oxydent, la faible température de fonctionnement de ce moteur ne permettait pas d'évacuer la vapeur d'eau, elle condense et fait des ravages, sans compter que les cylindres ne doivent pas aimer non plus car le risque serait un "lavage" avec perte de compressions...
Donc l'étape suivante a consisté à obtenir une température d'huile supérieure à 80°, 90 à 100° étant l'objectif.


Mise à jour du 10 mars 2019.

Avec la mise à niveau de mon tableau de bord (voir plus haut dans ce blog "un nouveau TDB pour la Cigogne") je dispose désormais d'une indication AFR (air-fuel-ratio) ou si vous préférez d'une sonde lambda bande large qui me renvoie l'indication de la richesse du moteur en temps réel. Ça coûte 200 balles et c'est assez simple à installer.
Ces indications sont indispensables pour qui veut parfaire ses réglages de carburation.

Jabiru défini deux limites de fonctionnement relatives à la carburation.

Limite 1 : AFR entre 12 et 15 (donc 12 en pleine charge et c'est plutôt riche 1 g d'essence pour 12 grammes d'air) et 15 en croisière que l'on considère comme la stœchiométrie (mélange idéal pour une combustion la plus complète et c'est elle qui donne la plus haute EGT à 800° environ).

Limite 2 : T° EGT en pleine charge 700 ° et T° EGT en croisière 750 °, il s'agit de maxi bien sûr !
J'ai donc ajusté ma carburation pour me rapprocher de ces limites. Cela m'amène à des réglages qui s'éloignent (un peu) des standards Jabiru mais ce sont les réglages optimums pour mon moteur.

Gicleur principal de 235, AFR en pleine charge 12 et EGT 720°, on peut considérer ce réglage comme optimum.
Puits d'aiguille de 268 après avoir essayé 272 et 270. AFR de 13 en croisière et donc toujours trop riche, EGT d'environ 730° et il me faut donc jouer sur ma mise à l'air libre carbu (voir "un appauvrisseur pour mon Jabiru") pour "chercher" 750° que j'obtiens avec un AFR de 14.

J'ai du passer le gicleur de ralenti à 45, en effet avec mon puits d'aiguille de 276 ma carburation était riche aux faibles charges, ce qui tend à prouver que le circuit principal débitait déjà et ce n'est probablement plus le cas avec le 268, donc il me fut nécessaire d'ajuster le gicleur de ralenti.

Petit rappel pour les profanes : le "gicleur de ralenti" influe peu sur la "richesse de ralenti" qui est en fait gérée par la vis de richesse de ralenti. Par contre il alimente le moteur pour les faibles régimes (depuis le ralenti jusqu'à 2000 tr/mn son influence est importante).
Je suis passé de 11 à 18 d'AFR à ces régimes en modifiant mon puits d'aiguille, donc passer à 45 de gicleur de ralenti m'a permis de retrouver un AFR de 15, très correct car les EGT à ces charges sont de 710 à 720° environ et le moteur fonctionne très bien.
En tour de piste à 2100 tr/mn mes consommations sont imbattables.

CQFD

Alors que conclure sur ce moteur ? Fiable ou pas ?

Sur les 17 rapports d'accident impliquant des Storch relevé par le BEA, 1 seul implique le moteur mais suite à une révision et probablement un mauvais serrage d'une vis de culbuteur. Et il y en a beaucoup qui volent, 4 Storch HSJ à St André + d'autres Jabiru 2200 sur d'autres appareils du club sans problèmes...
Sans blagues, il est sympa ce moteur, démarre au 1/4 de tour, tourne rond et doux, économique et demande pas d'entretien, il faut juste se donner les moyens de bien le régler. Les 4 Storch de St André ont des admissions différentes, il s'agit donc d'adapter le moteur à sa cellule, rien de plus. Et ce doux ronronnement en croisière...

Mise à jour le 16 novembre 2020

Je viens de réaliser une visite technique de mon moteur à 750H, en effet je me sépare de mon Storch et j'arrête à mon grand regret l'activité ULM. Je ferai encore tant que ma santé m'y autorise des interventions techniques mais je ne volerai plus.
Dépose et démontage des culasses, métrologie des pièces, remplacement pour le fun des segments et des guides de soupapes et de quelques joints.
Les nouveaux guides en bronze munis de joints et la segmentation neuve devraient supprimer toute consommation d'huile indésirable.
Mes mesures prouvent l'absence d'usure de ce moteur et aucune fuite, gaz ou huile, de détectée.
Pour moi rien de tout ça n'est surprenant, un moteur entretenu correctement avec une carburation bien réglée et des températures maitrisées (huile entre 80 et 100°, culasses entre 150 et 160°, EGT à 700° en pleine charge et 750° maxi en croisière) mettra des milliers d'heures pour s'user.
Alors je sais que ça brise un mythe (la grosse visite des 1000H des hauts de cylindres et celle des 2000H de l'ensemble du groupe) mais je ne fais là que constater ce que j'ai constaté toute ma vie professionnelle sur des moteurs de voitures, poids lourds, motos ou matériels de parcs et jardins.
Retenir : Un moteur bien entretenu s'use très peu !
Je ne prétends pas là qu'il ne faut pas réviser son moteur, mon démontage aura permis un bon nettoyage de la calamine déposée par un fonctionnement passé trop riche, je maintiens par contre que remplacer des pièces en bon état et qui ont prouvé leur endurance par des pièces neuves dont l'endurance reste à prouver n'a pas de sens, or c'est ce que tout le monde fait (ou fait faire pour une facture moyenne de 7000 €uros pour la "1000H").
Jabiru a fait évoluer son moteur, le mien est de 2002 à poussoirs mécaniques, certains le pensent plus fiable que d'autres mais ça n'est pas prouvé. Les évolutions ont permis le montage de poussoirs hydrauliques, l'amélioration de la lubrification de certains paliers, de toute la cinématique de distribution des soupapes et un petit gain de puissance.
Mais c'est beaucoup de pièces différentes pour un gain que certains jugeront négligeable.
Il y eu certes des moteurs mal montés, certains mêmes mal usinés, totalement incompréhensible pour le client final, cette époque me semble bien révolue.
Aujourd'hui, en termes de fiabilité, de couts d'emploi, d'agrément à l'usage, notre Jabiru est un excellent choix, il tient très bien la comparaison avec son principal concurrent.
Bons vols en Jabiru.












Commentaires

  1. Bonjour,
    Je suis avec Interet les chapitres dédiés au storch jab.
    Merci pour les différents sujets abordés sont la pose d'un réservoir supplémentaire .
    Storch S 2005, Jabiru2200 de 2009 upgrade.

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  2. Bonjour et merci Bonobj,
    Le Storch est un bon choix pour notre passion, surtout motorisé Jabiru, en déplaise aux grincheux. Peu cher (malicieusement car le Jabiru se revend mal), léger et joueur, son pilotage est très facile et son utilisation extrêmement économique. Peu bruyant comparé au 912 (Alors ce sont surtout les fréquences émises qui sont différentes et donnent cette impression mais le niveau sonore est également plus bas).
    Mon travail depuis que je possède cet appareil est de le rendre le plus sûr possible et apte à voyager (un peu). Donc un gros boulot sur les réglages moteurs qui ne sont que compromis et élever l’autonomie pour rendre la balade possible sans refueler. Je suis en train d’achever cette œuvre par la remise en état du TDB rendue plus que nécessaire.
    Bons vols et bonne lecture, en espérant être utile à vos réflexions.

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