Quelle huile pour mon moteur ?


Le sujet est polémique. Encore plus en ULM car nous disposons de 4 carburants utilisables. Voici ma réflexion.
Multigrade Auto ?

Aéro ?




Un radiateur d'huile sur mon Jabiru ? 


Devenu obligatoire il ne l'a pas toujours été. A part en juillet et en août, où les températures huile excèdent les 100° il est peu utile, voir même gênant car l'huile  est souvent sur-refroidie.

Et que mettre comme huile ?

Les utilisateurs de ce moteur (mais également les Rotaxeux) utilisent en majorité une huile "aéro" qu'ils disent. Utilisent t'ils de l'essence aéro ? Que néni, pour moi et les potes uniquement du mogaz 95 ou 98. Alors dans quel but utiliser de l'huile aéro dont le seul intérêt est de disperser le plomb tetraéthyle contenu dans ces carburants spéciaux ? Et là je ne parle pas de prix, je m'en fiche un peu.

Vu dans un compte rendu stage Jabiru décembre 2001 (il y a donc très très longtemps)


Page 1

L'huile de synthèse est réservée aux moteurs dont la vitesse de rotation se situe au-delà de 8 à 9000 rpmEn effet, à ce régime l'huile est centrifugée et le film d'huile ne peut se constituer sur les manetons de vilebrequin car elle est éjectée sur les parois du moteur. On utilise donc dans les huiles de synthèse des bases dispersantes additivées qui possèdent un pouvoir fixant très élevé. Les molécules d'huile adhèrent fortement en formant entre cylindre et piston un film lubrifiant réputé indéchirable. Utilisée dans les moteurs lents, l'huile de synthèse forme un film entre piston et cylindre qui peut parfois gêner le refroidissement de ce dernier.

Et page 4

Après 25 heures de fonctionnement, du moteur, l’huile de rodage est remplacée par de l’huile normale. Jabiru recommande une huile de viscosité 15W50 en été et 5W40 en hiver, pour une utilisation d’essence auto.

Comment faut il comprendre ce document car de toute évidence moteurs 2 tps et 4 tps sont confondus, 8 à 9000 RPM ça ne peut être en 4 tps (tout au moins pas de série) et la préconisation 5W40 implique une huile de synthèse pour le Jabiru.
Doit on lire que les moteurs deux temps lents doivent utiliser de l'huile minérale ? Assez probablement.
Pour moi c'est déjà pas clair, alors pour le profane...Et comme en principe c'est un stage "Jabiru" le profane fera malheureusement le raccourci suivant : 
Jabiru = moteur lent = huile minérale. 
Sauf que 5W40 = 100% Synthèse, c'est donc...incompréhensible !


Donc les cadors de l'ULM prétendraient que nos moteurs sont "lents" et qu'il ne faut pas utiliser d'huiles de synthèse justes bonnes pour nos bagnoles (C'est en fait ce discours qui m'est régulièrement rapporté), ah bon ? Et si on regardait un peu ?

Jabiru 74 mm de course de piston, ça fait 6.16 mètres à la seconde à 2500 RPM (couple max) et 8.14 m/s à 3300 RPM (puissance max).

1.5 DCI Renault 80.6 mm de course, 4.7 m/s à 1750 RPM (couple max) et 10.7 m/s à 4000 RPM (Pmax) et vous en connaissez beaucoup qui montent leur 1.5 DCI à 4000 tr/mn ? (huile utilisée 100% synthèse 5W30)

0.9 TCE 73.1 mm de course, 5.5 m/s au couple max à 2250 RPM et 12 m/s à 5000 RPM, là aussi, montrez moi le guguss qui tourne à 5000 sur sa twingo. (huile utilisée 100% synthèse 5W30)

Pour finir, ma tronçonneuse Husqvarna 572 XP 39 mm de course et 12.8 m/s à 9900 RPM.(huile de synthèse 2 tps Minerva pour moi) ma tronçonneuse est refroidie par air, est-il utile de préciser ?

Alors de vous à moi, c'est "lent" un Jabiru ?

Et d'ailleurs ça ne veut rien dire un moteur lent, un moteur de paquebot de 2 mètres de course qui tourne à 100 tr/mn voit sa vitesse piston évoluer à 6.6 m/s.

Donc on pourrait utiliser de la 15W50 en été et de la 5W40 en hiver. Ce n'est pas bête car en été on pourrait craindre une surchauffe (en ce cas et passé 110° la viscosité et donc le maintien du film d'huile s'écroulent) et en hiver la 5W40 pour améliorer le lancement du moteur.

Sauf que l'on est sensé changer l'huile toutes les 50 à100 heures et qui vole 100 à 200 heures/an ? Levez les doigts !

Il me faut bien sûr une huile pour  l'année. La 5W40 est parfaite si j'ai un radia d'huile car je ne dépasserai jamais les 100°. Si le risque est présent il est effectivement prudent de prendre une viscosité de 50 à chaud, en ce cas je préférerais une 5W50 (c'est un peu plus cher).

Je pourrais être tenté de changer deux fois l'huile, une fois pour l'été et une fois pour l'hiver. Sauf que ce serait une fausse bonne idée car une huile ça se "rode" en effet sa viscosité est plus importante neuve, pas moins de 20 h de marche pour "casser" l'huile, donc cette solution n'est pas à retenir car on vole trop peu !

Mon discours est que l'huile n'est pas un problème, du moins sa qualité, surtout qu'on la remplace à 50 heures, sur une bagnole c'est 300 à 400 heures minimum mais notre programme d'entretien est hérité des années 80, à l'époque les bagnoles aussi on les vidangeait à 100 heures. Or les qualités des lubrifiants ont grandement évolué en quarante ans alors que nos pratiques n'ont pas suivi. Il y a aussi du business à conserver...

Les huiles de synthèse ont un immense avantage et c'est à ça qu'on les reconnait, elles font le "grand écart" de viscosité. Alors la viscosité il en faut peu à froid pour pouvoir lancer le moteur et suffisamment à chaud pour qu'au retour au ralenti la pression ne soit pas anémique. Il en faut encore à haut régime et hautes T°pour maintenir le film d'huile entre les pièces mobiles (et ce n'est pas le vilebrequin ou les bielles le problème mais les pistons).

Une 5W40 est 100% synthèse forcément, une minérale n'est pas capable de faire ce grand écart. Une 10W40 est semi-synthèse, mélange d'une base minérale et de lubrifiant de synthèse. Il n'existe plus de minérales pures, elles sont toutes additivées et Jabiru préconise que les huiles pour ses moteurs soient détergentes et dopées aux dispersants sans cendres.

Sur un Jabiru il est préconisé de la 15W50 en été mais en fait souvent utilisée toute l'année. Pour moi 15W c'est trop visqueux, départ à froid plus difficile, refroidissement culasse trop timide pour une huile à 40° lors de la 1ère montée initiale et pic de température culasse prévisible, observez et vous verrez ! (L'huile doit circuler pour assurer son rôle de caloporteur).
50 c'est ok si vous montez à 110° et plus, sinon c'est contre-productif, en effet une 50 est aussi plus visqueuse à 40°, là ou on aimerait que ça coule bien (remarque idem que ci-dessus et voir le tableau ci dessous).


Ce que ce tableau a d’intéressant ! Une W50 est certes plus visqueuse à 100° mais malheureusement aussi à 40°. La W100 Shell décoiffe à 40° (2.5 fois plus visqueuse que ma 5W40)  et il est remarquable que l'aéro Sport+4 (interdite sur Jabiru) ait des caractéristiques quasi-identiques à ma 5W40...(alors attention, il ne s'agit ici que de comparer les viscosités puisque c'est ce qui m'interpelle le plus).
Que dire de l'aéro 120 (monograde) 3 fois et demi plus visqueuse que ma standard à 40° ?
Avec de l'aéro 80 (monograde) vous devrez absorber quasiment deux fois plus de puissance démarreur pour espérer lancer votre moteur ! Si vous le lancez...
Pour moi les monogrades sont à exclure, sauf peut être pour cuire les frites...



Pourquoi est il préconisé de la 15W50 ? Il s'agit d'une préconisation ancienne. Il y a 35 ans si vous vouliez de la 50 à chaud elle ne pouvait pas être à 5 à froid, ça n'existait tout simplement pas, or à 120° (Jabiru dit maxi 118°) dans l'huile avec moins que 50 de grade ça craint un peu en puissance max. (bien sûr que ça pourrait arriver). C'était donc le compromis le plus acceptable (Aujourd’hui cependant, lorsque vous téléchargez les docs techniques du constructeur rien à changé).
J'utilise de la 10W40 auto pour l'instant, c'est la moins chère (4€ le litre en 5 litres) et la 5W40 (guère plus chère à 5€/litre en 5 litres) car elle a l'immense avantage d'augmenter la vitesse de lancement du moteur à froid mais surtout la viscosité à 40° lorsque je décolle pour ma première montée initiale est plus faible, l'huile circule donc mieux vers les culasses et évite la pointe de T° observable à ce moment qui est d'environ 180° en culasse et m'oblige à modérer mes ardeurs en sortie de zone.

J'ai volé une dizaine d'heures radia d'huile déposé avec une T° extérieure de 25°. Ça fonctionne très bien mais il est nécessaire de surveiller car la T° dépasse les 110° en insistant en pleine charge (sur un changement de palier par exemple) il convient donc en ce cas de se modérer également.
J'estime avoir mieux à faire en vol que passer mon temps à surveiller ce paramètre, donc décision est prise de reposer le radia d'huile mais avec une interface thermostatée à 80°.


 Alors même équipé de la sorte la surveillance des T° reste un problème mais plutôt lorsqu'il fait froid, en effet en hiver le carter d'huile (qui est en fait le principal échangeur de T°) est trop efficace et il convient de masquer parfois totalement l'entrée d'air en façade du capot inférieur pour retrouver au minimum 80 à 90°.
Une huile trop froide est mauvaise pour notre moteur, les contraintes  augmentent, la vapeur d'eau ne s'évacue pas, le moteur consomme davantage, il me semble que c'est pire encore que voler en limite de température haute.

Mise à jour au 20/04/2019

J'ai réalisé une vidange à 700h moteur et utilise depuis ce jour une huile automobile 5w40. J'avais auparavant vérifié et ajusté le bon débit d'huile aux culasses (relevé 10 cm3/culasse, on peut apparemment monter à 20 sans craindre, source "contrails") avec mon huile 10w40 (voir la fin de mon article sur "ce fameux Jabiru").
La vitesse de lancement est très largement améliorée et les T° plus longues à monter (frottements diminués).

Des propriétaires de Jabiru éprouvent des problèmes de lancement du moteur à froid en périodes hivernales.
Alors on démonte le carbu (au risque de se mettre en panne), on cherche du coté des bobines...
Cessez de chercher, changez d'huile ! Optez pour une viscosité moindre à froid.


Fréquence des vidanges ?


La majorité vidangera au moins une fois l'an donc à 50 heures ou moins, surtout sur des petites utilisations ou vols locaux.

Mon moteur bien réglé et tenu à son niveau d'huile mini (prescription Jabiru) consomme normalement 1dl d'huile pour environ trois heures de vol d'après mes observations (huile à 90°).
Un Jabiru consomme de l'huile, moins s'il est équipé de joints de queue de soupapes et si la segmentation est récente avec déglaçage des fûts (cylindres).

Un moteur qui ne consomme pas d'huile est un moteur qui fait de la dilution, soit des gaz migrent dans l'huile (moteur réglé trop riche), soit de l'eau par condensation (T° d'huile trop faible). Mais ne rêvez pas !

Se souvenir que le filtre à huile ne filtre pas une huile visqueuse (trop visqueuse par ses caractéristiques ou bien pas assez chaude, ou encore trop ancienne et chargée de carbone).

Mon dernier achat(08/19) en huile 5w40 total quartz 9000 est à 4.38 €uros/litre (en 5 litres) livré à domicile (amazone prime) donc 21.90 € le bidon. Difficile de trouver mieux.
Cette huile est fluide 90 mm2/s à 40° et 14.7 mm2/s à 100° et détergente.
Normée  API SN/CF et ACEA A3/B4

Une 15w50 total quartz 7000 est à 141.7 mm2/s à 40° (+57%) et 18.4 mm2/s à 100°.
Prix identique mais moins vertueuse à froid...et 25% plus visqueuse à chaud.

On trouve une Elf 5w50 (pour les Jabiru sans radia huile) à 21.79 €uros les 4L chez piecesauto24.com soit 5.45 €/L plus port. Très bonne affaire.



Bons vols en Jabiru.


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Incident sur Storch HSJ Poussoirs hydrauliques 25/08/19.

Mon copain Joël souhaite se rendre comme moi aux JPO de Couternes-Bagnoles de l'Orne, ayant prévu des heures de retour différentes nous prenons l'air vers 8h00 le matin avec chacun notre appareil.
10 mn plus tard un peu avant mon arrivée en verticale de l'Aigle, Joël m'annonce qu'il lui faut renoncer et il retourne à Saint André, sa température d'huile est déjà montée à 120°.
Alors certes il fait bon et il n'y a pas d'air mais pour autant l'huile sur mon Storch ne dépasse pas 95°C et nous avons les mêmes radiateurs d’huile.
Le lendemain nous vérifions sa ligne de mesure avec une bouilloire et un thermocouple, tout est impeccable (80, 90, 100 °C).
Son huile est donc vidangée, elle est "chargée" (comprenez noire) et totalise 80 heures.
Après vidange moteur les matins suivants sa température n’excède plus les 110° en charge et se stabilise à 100° en croisière pour des T° assez semblables à celles du 25/08.

Quelles conclusions faut-il en faire ? (de mon point de vue bien sûr).

Son lubrifiant est de l’Aéro-Shell 15W50, ses caractéristiques sont 140 mm2/s à 40°C et 19.6 mm2/s à 100°C. Il s’agit d’une "semi-synthèse".

1ère remarque, Joël possède sur son Jabiru un radiateur d’huile, le grade de 50 à chaud n’est pas utile de mon point de vue (et certainement contre-productif).

2ème remarque, 80 heures est certainement de trop pour son moteur et cette catégorie de lubrifiant, comme son moteur démarre sans starter le matin (l’été) on peut considérer qu’il tourne riche et pollue son huile (l’huile se trouve chargée de particules de carbone et voit sa viscosité augmenter au fil des heures de vol).

L’huile était devenue tellement visqueuse (car chargée) bien que très chaude que son radiateur d’huile ne pouvait remplir son office, d’autant que ses diamètres d’entrée-sortie sont faibles (8 mm).

Les choses redeviennent "normales" avec de l’huile neuve, mais il y a fort à parier qu’en passant à de la 5W40 ou 10W40 ses températures à chaud baisseraient encore par élévation de l’efficacité du radiateur et diminution des frottements.

Inconvénient majeur complémentaire de ce type d'incident.

Une huile trop visqueuse n'est plus filtrée, elle passe par le By-pass du filtre à huile lequel devient donc inopérant. L'usure moteur augmente rapidement à ce stade...

CQFD

J’ai (enfin) trouvé un inconvénient à l’utilisation d’une huile 100% synthèse. Cette huile ne se cokéfie pas, or un Jabiru en monte d’origine consomme de l’huile, environ 1 dl toutes les 3 à 4h suivant l’utilisation et le climat.
L’huile a tendance à créer des dépôts sur les bougies...et notamment sur mon cylindre n°3 qui doit être le plus gourmand en huile. Réduisant de fait leur longévité car je m’interdis tout nettoyage de ces dernières.
Mon copain Freddy qui a remplacé ses guides de soupapes par des guides auto munis de joints de queue de soupapes n’a absolument pas ce problème et ses dernières bougies ont fonctionné 700 h, oui, vous avez bien lu, 700 h. Bien entendu il ne consomme plus d’huile.
En fait la réfection des culasses avec échange des guides aura une conséquence induite qui sera l’économie de bougies, actuellement il me faut un jeu entre 30 et 50h.

CQFD.




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